2022 : Prix Michel Seurat

Le Prix Michel Seurat a été institué par le CNRS en juin 1988 pour honorer la mémoire de ce chercheur du CNRS, spécialiste du Moyen-Orient, disparu dans des conditions tragiques. Depuis 2017, l’organisation du Prix a été déléguée au GIS Moyen-Orient et mondes musulmans, en partenariat avec l’IISMM et Orient XXI.

Chaque année, ce programme vise à distinguer et à soutenir financièrement une jeune chercheuse ou un jeune chercheur, ressortissant d’un pays européen ou d’un pays du Proche-Orient ou du Maghreb. Il contribue ainsi à promouvoir la connaissance réciproque et la compréhension entre la société française et les mondes arabes, ceux-ci étant abordés dans leur pluralité et compris comme un espace ouvert et en interaction avec le reste du monde.

Le Prix Michel Seurat est destiné exclusivement aux thèses en cours, nourries d’une forte implication sur un terrain et dont l’originalité et l’excellence sont déjà affirmées. Toutes les disciplines en sciences humaines et sociales, en lettres et en langues sont éligibles à ce programme qui promeut par ailleurs la pluridisciplinarité et la transdisciplinarité. En mettant l’accent sur la maîtrise de la langue ou des langues du terrain, le Prix Michel Seurat valorise les efforts des jeunes chercheuses et chercheurs qui se donnent les moyens d’être au plus près des acteurs et des sources disponibles, mais également d’intégrer à leur réflexion les connaissances académiques produites dans les langues du Proche-Orient et du Maghreb.

Orient XXI est un journal quotidien en ligne et gratuit, qui couvre une vaste région allant du Maroc à l’Afghanistan. Il vise, avec les contributions de journalistes, de chercheurs, de diplomates, à donner une image différente de la zone, loin des peurs et des simplifications. Il est publié en six langues (français, arabe, persan, anglais, espagnol et italien).

Le Prix Michel Seurat 2022 est décerné à
Mohamed Slim Ben Youssef

Mohamed Slim Ben Youssef est doctorant en science politique à Aix-Marseille Université (Mesopolhis/IREMAM) et boursier d’aide à la mobilité internationale de l’IRMC. Sa thèse, intitulée Des mondes du travail en révolution? Une sociologie politique des (dés)ordres salariaux en Tunisie (2011-2021), est en cours de préparation sous la codirection de Amin Allal et Éric Gobe.

Résumé de la thèse
Cette thèse s’intéresse à la manière dont le processus révolutionnaire tunisien, donnant lieu à une « effervescence pluraliste » (Allal et Vannetzel 2017), affecte les mondes du salariat. De ce fait, il est question d’interroger les effets que l’ouverture d’une nouvelle séquence politique après le soulèvement populaire de l’hiver 2010-2011 a permis de produire sur les mondes du travail en Tunisie. Ayant rendu visibles des désordres au travail (Allal, Catusse, Emperador Badimon, 2018), cette temporalité révolutionnaire (Camau, 2020) s’est traduite par une dissidence salariale importante, faisant l’objet d’une préoccupation politique et d’un commentaire médiatique constants depuis 2011. Or, ces bouleversements renvoient à deux questions distinctes : les crises de la reproduction de la domination salariale d’une part, et la démocratisation comme opportunité de mobilisation collective d’autre part. En effet, la libéralisation du champ politique, induisant une reconnaissance juridique des libertés publiques et une diminution concomitante du coût de l’engagement et de l’action collective, a rendu possible l’expression d’une importante dissidence ouvrière.

JURY:

Président :
Iyas Hassan, professeur, Sorbonne Université.

Membres :
Frédéric Abécassis, maître de conférences, École Normale Supérieur de Lyon.
Emma Aubin-Boltanski, directrice de recherche au CNRS, Centre d’études en Sciences sociales du religieux (CéSor).
Belkacem Benzenine, chercheur, Centre de Recherche en Anthropologie Sociale et Culturelle (CRASC), Oran – IMéRA Aix-Marseille.
Laurent Bonnefoy, chargé de recherche au CNRS, Centre de Recherches Internationales (CERI, Sciences Po).
Séverine Gabry-Thienpont, chargée de recherche au CNRS, Institut d’ethnologie méditerranéenne, européenne et comparative (Idemec).
Alia Gana, directrice de recherche émérite au CNRS , laboratoire Dynamiques sociales et recomposition des espaces (LADYSS).
Alain Gresh, journaliste, représentant d’Orient XXI
Marianne Noujaim, professeure assistante, Université Libanaise, Beyrouth.
Chantal Verdeil, professeure, Institut National des Langues et Civilisations Orientales (Inalco).