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Erin Pettigrew

Conférences
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Erin Pettigrew

Erin Pettigrew est professeure agrégée d’histoire à NYU Abu Dhabi. Elle est historienne de l’Afrique spécialisée dans l’histoire coloniale et postcoloniale de l’Afrique de l’Ouest, avec un accent particulier sur les sociétés musulmanes. Ses recherches se sont concentrées sur l’histoire culturelle de l’Islam, de l’esclavage, de la race, du genre et de la nation dans ce qui est aujourd’hui la République islamique de Mauritanie. Elle est l’auteure de Invoking the Invisible in the Sahara : Islam, Spiritual Mediation and Social Change (Cambridge University Press, 2023).

Elle a publié dans The Journal of African History, Mediterranean Politics, Islamic Africa, L’Année du Maghreb et l’ouvrage collectif Politiques de la culture et cultures du politique dans l’ouest saharien. Elle a récemment co-édité un numéro thématique de L’Ouest saharien intitulé Femmes du Sahara-Sahel : transformations sociales et conditions de vie (2022).

Ses recherches actuelles retracent l’émergence du mouvement clandestin les kādeḥīn (le prolétariat, ou « travailleurs ») en Mauritanie. Ce projet de livre, Cries of the Oppressed: Leftists, Arab Nationalism, and National Identity in Early Post-Independence Mauritania, aborde ce mouvement maoïste comme une force rare et de courte durée d’influence politique de gauche et non-religieuse qui a néanmoins exercé une pression politique sur le nouvel état pour qu’il adopte des changements majeurs dans l’orientation politique et des normes culturelles en Mauritanie.

Erin Pettigrew participe au Programme Professeurs invités de l’EHESS, sur proposition d’Ismail Warscheid (CNRS, IRHT) et Jean Schmitz (IMAF)

 

CONFÉRENCES

L’implication des femmes et les vestiges politiques du mouvement kādeḥīn (1968-1978) en Mauritanie

Cette conférence sort d’un projet plus large qui se porte sur l’émergence et l’histoire du mouvement politique clandestin des kadehiin (le proletariat, les ouvriers) dans la République islamique de Mauritanie. Liés à des courants politiques tels que les nationalistes arabes et le mouvement syndical mais inspirés par les idéologies maoistes et léninistes dans les années 1960s et 1970s, les kadehiin et ses membres ont mené des campagnes d’éducation dans les zones rurales et des opérations en milieu urbain pour combattre ce que ses membres considéraient comme des traditions arriérées et dans l’espoir d’établir une société mauritanienne plus égalitaire et « moderne ». Ici, les questions de recherche visent à comprendre qui a participé au mouvement et pourquoi. Avec une vision maoïste de l’avenir qui recoupaient les normes sociales et de genre préexistantes ainsi que la persistance de relations de dépendance souvent qualifiées d’« esclavagistes », ce projet de recherche vise à répondre à la question du rôle de genre et du statut social dans le mouvement.

Dans le cadre du séminaire “Dynamiques du genre en Afrique” animé par Marianne Lemaire et Anne Hugon

  • Jeudi 25 avril de 12h30 à 14h30 – Salle 3.08, Centre de colloques, Campus Condorcet, Aubervilliers

 

Une ontologie saharienne ? Une approche d’histoire ethnographique à la recherche de l’histoire sociale en Mauritanie 

Dans mes recherches sur l’histoire culturelle et sociale dans un pays musulman en Afrique de l’Ouest, je privilégie une approche ethnographique des sources écrites et orales. Dans cette conférence, je présente cette approche méthodologique qui s’appuie sur une généalogie des textes et une histoire ethnographique des réalités vécues et des histoires racontées par mes interlocuteurs. La communication va porter sur deux projets de recherche : le premier un projet bouclé par un livre sur le monde invisible des esprits et des forces divines. On refuse souvent à ces mondes invisibles une place dans l’écriture de l’histoire académique puisque rejetées comme irrationnelles ou invérifiables ; le deuxième sur un projet de recherche en cours qui s’appuient notamment sur l’histoire orale et les mémoires écrits des acteurs du sujet de l’étude – un mouvement politique et culturel clandestine des années 1960s et 70s. Dans les deux cas, le côté clandestin du sujet – soit les sciences ésotériques, soit le militantisme politique dans un état à parti unique – suscite des questions méthodologiques. Comment parler des choses secrètes ? Comment faire avec des sources (non)écrites éphémères ? Comment la clandestinité façonne-t-elle les limites et les possibilités de recherche ?

Dans le cadre du séminaire “Formation à la recherche en Afrique” animé par Fabienne Samson et Catarina Madeira Santos

  • Lundi 13 mai de 14h30 à 16h30 – Salle 3.07, Centre de colloques, Campus Condorcet, Aubervilliers

 

Les cris des opprimés : la Gauche, le nationalisme arabe et l’identité nationale en Mauritanie post-indépendante

Ce nouveau projet de recherche suit l’émergence des kādeḥīn(le prolétariat, ou “travailleurs”),  mouvement clandestin en République islamique de Mauritanie. Liés à des mouvements politiques communistes et maoïstes des années 1960s et 1970s, les kādeḥīn et ses membres ont constitué un moment rare d’influence politique gauchiste et non religieuse dans un pays entièrement musulman. Même si ce mouvement fut de courte durée en Mauritanie, la pression politique exercée par les kādeḥīn sur le nouvel État à parti unique a entraîné des changements majeurs dans l’orientation politique et économique et dans les choix et normes culturelles en Mauritanie. Les vestiges de cette période sont souvent évoqués en Mauritanie par les jeunes militants actuellement engagés dans les mouvements progressistes.

Dans le cadre du séminaire “Anthropologie comparative du Sahel occidental musulman (Sénégal, Mauritanie, Mali…)” animé par Ismaël Moya, Pietro Fornasetti et Jean Schmitz

  • Mercredi 22 mai de 10h30 à 12h30 – Salle 3.122 (3eme étage, IMAF), Campus Condorcet, Bâtiment Recherche Sud, Aubervilliers

 

Contester les sciences ésotériques en Mauritanie à l’époque des réseaux sociaux

Mon travail jusqu’ici s’est adressé à l’histoire de lḥjāb, ou les sciences ésotériques islamiques et leurs pourvoyeurs, en République Islamique de Mauritanie. Pour ce séminaire, je tire d’un chapitre ethnographique axé sur les premières années des années 2010 lorsque de nouvelles stations de télévision et de radio diffusaient des talk-shows, des publicités et des sketches comiques pour remplir le temps. De courtes émissions comiques télévisées ou de sketches utilisaient parfois l’ḥjāb comme crochet narratif où elles s’appuyaient sur des tropes et des stéréotypes pour susciter les rires des téléspectateurs. Cette conférence examinera ces émissions télévisées ainsi que la manière dont les prédicateurs islamistes ont commencé à utiliser les médias sociaux à leur avantage pour réfléchir aux problèmes sociaux contemporains de cette période. Mon intervention examine comment un public mauritanien plus large a compris, critiqué, utilisé et ignoré l’ ḥjāb, ses experts et ses détracteurs. Si les représentations de l’ḥjāb dans les médias à la fin des années 2010 montrent des Mauritaniens contestant sa légitimité, de ses experts et de son efficacité, ces images témoignent néanmoins de sa pertinence persistante face aux défis de la vie quotidienne et de sa capacité d’adaptation pour répondre aux questions de la modernité.

Dans le cadre du séminaire “Histoire et anthropologie comparée du fait religieux en Afrique” animé par Marie Miran-Guyon

  • Mercredi 29 mai de 14h30 à 16h30 – Salle 25.A, Campus Condorcet, Aubervilliers

 


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